• Argument d'autorité

     

    Encore et toujours l’hyperslogan "éducation aux" médias, promu par le Clemi depuis vingt ans (et non avant) et relayé aujourd'hui par les institutions scolaires et les médias spécialisés.

     

    Argument d'autorité

     

    Voici donc une "belle et bonne page" qui forme pour moi un exemple parmi tant d'autres de "point problématique"représentatif de la formidable (et dangereuse) machinerie idéologique en mouvement (elle!), en passe de tout engouffrer dans le postlibéralisme totalisant.  

    Le seul titre fait mouche. Nous nous sommes vraiment donné beaucoup de peine pour en arriver là. A quoi (et à qui !) ont servi les « travaux pionniers » des années de « fondation » d’une pédagogie des médias digne de ce nom ? Image, presse, information, nous n’avions pas ménagé nos efforts pendant un quart de siècle.

    Nous ne le faisions pas parce que c’était la mode, mais parce que seule une pédagogie intégrée et muable peut ouvrir sur des solutions réelles, prenant à la fois en compte ce que nous sommes (anthropologie) et le milieu où nous évoluons (mésologie).

    Qu’en reste-t-il ?

    On voit ici une des nombreuses "retombées dérisoires" du travail que nous avons fourni (et dont quelques-uns, bien peu scrupuleux, ont tiré bénéfice), pour accréditer le rapport éducationnel aux médias aux termes d'une intégration certes dépassionnée, mais aussi vigilante et critique.

    Quand on connaît le tirage de ce type de presse, on peut juger de la nocivité de telles publicités. Il faut toutefois relativiser : si tous les adhérents reçoivent, ils ne lisent pas tous, et tous ne prennent pas le contenu pour de l’argent comptant.

    Encore heureux.

    Encore une fois, la croyance (majoritaire chez les clercs) que la "communication", le prêche vertueux et le "matériel pédagogique" peuvent remplacer l'action pédagogique réelle et tenace. Elle est à l'œuvre quand les pouvoirs publics à coup d'affichages, de plaquettes, de slogans, font semblant d'agir. C'est tout le contraire.

    Dans les tous cas, que vaut la citation d’un auteur, lorsqu’il a si peu de choses à dire, trente ans après nous ? Autrefois, on appelait cela l’argument d’autorité. Tisseron ou quelque autre, cet argument est toujours détestable, lorsqu’il ne s’agit pas d’une citation originale et propre à un auteur qui apporte du nouveau.

     

    Quant à l’Avis de l’Académie des sciences ici bizarrement mis en valeur (mutualiste) il a été assez ridiculisé par d’autres que moi, et c’est tant mieux.

    Plus encore : le travail d’abêtissement ne se fait pas que sur les enfants. Il concerne tous les niveaux de la folle pyramide et passe ici par les éducateurs et les adultes, que l’on ferait bien de former et d’instruire. Ce n’est pas comme cela.

    C’est là un exemple parmi tant d’autres de la nécessité d’une véritable « école des parents et des éducateurs », qui passe par la vigilance critique sur ce que le discours public insuffle d’idéologie. Actuellement, ce type de retombées produit l’effet inverse de ce pour quoi nous nous sommes battus. Qu’on ne s’y trompe pas : cela fait partie, avec tout l’attirail de l’école postlibérale, d’un projet de crétinisation culturelle en bonne voie de réalisation.

    Lire aussi, nous dit-on, "Les TIC à Nicomaque" (tikanikomak)

    Et il faut insister, sans relâche. Il ne sert à rien de délayer tous les quelque, des considérations, d’ailleurs sans vigueur épistémologique, telles que celles qui étaient les nôtres (avisées!) il y a un quart de siècle : si ce n’est pas pour une articulation déterminée à l’action. Qui en effet sera d’autant plus sérieuse qu’elle ne se renseignera pas à l’idéologie, mais à l’étude fondée et à la pédagogie réelle.

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