• En ligne, ce texte de travail relatif aux difficultés actuelles d'un exercice normal de la pensée critique.

    Tant que nous ne serons pas capables de faire sauter les verrous qui en interdisent l'accès, nous ne pourrons prétendre à l'expression de notre dignité de penser librement.

    Tabous de la pensée critique 

    Couleur couleuvre

     

    Comme tout texte en ligne, il peut faire l'objet de discussion et de modification en relation avec son auteur.

     

    Voir : Couleuvres et noyaux durs de la pensée critique

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  • Questions de méthode

    A propos des "points problématiques".

     

    Point problématique

                                         Dunston, panique au palace

     

    Malgré le formidable "tabou" qui protège discours scolaire de toute velléité d'analyse, il n'est pas interdit de penser qu'il y a eu une époque où c'était possible. Où cela se pratiquait chez les contestataires d'un ordre injuste, où cela était possible en raison des progrès que nous avions fait dans le domaine de l'analyse des contenus et des discours.

    Il s'agit de mettre le doigt sur les "points problématiques". En analyse des contenus de presse, nous laissions agir le "flair sémiologique", qui, en raison de notre répertoire théorétique, permet de "voir" à titre d'hypothèse où se trouvent les nœuds de cristallisation des questions sous-jacentes.

    Reprenons :les items caractéristiques de l’idéologie et de l'idéocratie scolaires sont autant d'indices d'un développement discursif qui englobe les épiphénomènes. A ceux-ci, on ne peut rien comprendre si on les resitue pas dans ce qui les génère. 

    Ce sont donc ces questions et ces problèmes qui se manifestent sous formes d'indices (ou de scandales rationnels!), qu'il faut faire apparaître. Pour en traiter.

    Or, le "discours scolaire" est une mine de tels items. Il suffira d'ailleurs de focaliser l'effort sur quelques médias très accessibles sur Internet et de raisonner ensuite par analogie et transferts sur les autres supports. Le travail est assez aisé : il n'y a guère, à part quelques niches, de média alternatif en cela, pour la même raison historique du "tabou". On aura donc, sans compter le "discours officiellement officiel", dans les médias complémentaires relayant la doxa, entre le Café "pédagogique", les Cahiers "pédagogiques", Educavox, quelques articles des grands quotidiens, etc. de quoi nourrir l'observation et alimenter un corpus solide.

    C'est j'en conviens, un travail de laboratoire, qui mobilise les critères de scientificité de l'observation et de l’interprétation.

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    Mais tout se tient : si on laisse faire sans contrepartie, les choses ne feront qu'empirer, actuellement dans le sens d'une pensée scolaire surhiérarchique et unidimensionnelle.

    Divers exemples récents montrent à quel point les donneurs de leçons renforcent leurs positions, sans débat contradictoire, sans contrepartie dans l'expression publique.

    Les exemples du type sont légion : il faut en pointer les tenants et aboutissants, et tenter de comprendre le but du jeu. Quoi qu'il en soit, celui des médias scolaires officiels ou para-officiels ("pédagogiques" par abus de langage)  n'est en aucun cas la recherche d'une "école de l'émancipation".

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    On le comprend, les idéocrates n’ont aucun intérêt à ce qu'on démonte rationnellement les rouages de leurs intentions. Cela explique notamment leur formidable résistance à la rationalité et aux références anthropologiques, et, bien entendu, à tout ce qui ressemblerait à de la "philosophie de l’éducation" à caractère critique et humaniste.

     

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  • A propos de ce titre emblématique, discuté sur le site phileduc, il me faut observer la plus grande prudence.

    Pour une philosophie de l'éducation

    2001

    Il y a d'abord la préposition, qui oriente à des notions de cause, de destination, d'échange, de parti-pris. Et en effet la "philosophie de l'éducation" dont il est ici fait cas est un vœu. Plus qu'une "pièce versée au dossier", elle est un "texte à faire". A ce titre, elle ne saurait être l’œuvre d'un individu ou d'un lobby.

    Le terme de philosophie doit être dépouillé de tout le fatras dont il est affublé par polysémie maligne. Il s'agit pour nous d'une "philosophie digne de ce nom", éloignée de tout ce que les facteurs de crise (scolarisme, scolastisme, cléricalisme, idéologie médiatique) ont produit sous ce terme.

    Tenons donc à une "philosophie profonde", rationnelle et imaginative, intérieure et concrète, matérialiste et spirituelle.

    Le terme d'éducation a lui aussi été suffisamment dévoyé pour qu'il nous faille revenir obstinément sur l'acception principale, qui est au cœur du processus humain. C'est là une raison majeure de s'attacher à ce que nous sommes et à ce qui nous fonde. La question cardinale est celle du sens de l'éducation. Ne croyons pas qu'elle est déjà décidée : elle est à revisiter sans cesse.

     

    Pour une philosophie de l'éducation

     

    Je précise cette conception de la philosophie de l'éducation. Elle s'inscrit dans une lignée interculturelle.

    C'est une philosophie du questionnement. Elle ne sait rien faire d'autre. Et c'est déjà tout : à ce titre elle s'inscrit dans la tradition comme est elle soucieuse du sujet des "nouvelles donnes".

    C'est une philosophie critique. Elle n'accepte à aucun moment de laisser des problèmes latents ou in-traités. Elle incite au dévoilement et à l'élucidation, à l'analyse rigoureuse, et invite à ne jamais s'en laisser con(mp)ter. Aussi bien dans la fonction de veille et de vigilance, que dans l'exigence de rationalité.

    C'est une philosophie impuissante : incapable en elle-même de traiter des sujets qui ne sont pas de son ressort.

    - Elle renvoie pour tout ce qui concerne les données de l'étude rigoureuse (questions cardinales comme pratiques politiques) à ce que l'anthropologie peut explorer et fournir.

    - Elle en appelle, pour tout ce qui touche la philosophie de l'action éducationnelle, à "l'excellence de l'expérience", à l'art pédagogique, à la visée d'émancipation.

    Je suis conscient qu'un tel programme ne flatte pas les tendances entropiques en cours, liées à une "crise endémique" de la pensée éducative. Celle-ci semble plus que jamais durable. Mais l'espérance ne s'écrit pas dans cette certitude cynique.

     

     

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  • "L’existence même des trolls montre que l’espace public est largement un concept fantasmatique"

    " Les Trolls (réels comme virtuels) risquent surtout de se développer à mesure que le dialogue démocratique se ferme ou se recompose" *

     

    Bouillon de culture

                                    Tudor Banus

     

    Une fois ouverte la boîte de Pandore du « numérique » les phénomènes en germe se déchainent : multiplications, disséminations, exacerbation des individualismes et des communautarismes, replis identitaires, haine de l’autre, fictions et simulacres, faux-débats, production de nouveaux mythe collectifs…

    A la multiplication à l’infini des cas de figure liés aux possibilités des techniques nouvelles, correspond la pluralité des bavardages : une armada de sociologues et de philosophes avisés nourrit sans cesse davantage la nouvelle soupe idéologique. L’article cité ici est un des innombrables positionnements caractéristiques de la rhétorique des commentateurs. Qu’est-ce qu’on fait, ben on sait pas.

    Dans la contre-révolution de la communication en cours, la surabondance de messages sur les nouveaux supports, « réactions », « informations » ou « paraphrases » immédiates, jetées à la va-vite, et pour la plupart tous plus nombrilistes, ineptes ou anodins les uns que les autres, sont en passe de former le plus bel antidote au désir de débat démocratique. Cette figure d’ensemble se déploie au sein d’une configuration plus vaste, et les nouvelles formes d’aliénation qui s’y attachent.

    C’est en l’absence de lieu réel et de thématique authentique pour le débat que s’exaspère, à l’inverse de toute éthique de la discussion, une forme de désespoir nihiliste : si l’universitaire avisé en fait ses choux gras, si l’individu inculte exprime son immédiat à lui, les deux cynismes sont dictés par la même doxa englobante.

    Évidemment, nous avons besoin d’une tout autre conception du débat : c’est là une aspiration fondamentale, aujourd’hui limitée, d’un côté par les pouvoirs explicites en place, qui entendent bien guider les âmes, diriger la discussion, et verrouiller la dialectique, mais ne s’en cachent guère, de l’autre par le pouvoir implicite des nouveaux espaces intériorisés de contrôle de l‘opinion.

     

    Dans ce contexte, tout effort lié à la préoccupation éducative pour ouvrir des nouveaux espaces de débat devrait être prioritaire pour tous ceux qu’anime l’idéal d’émancipation.

     

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    * (Article signalé par François Spinner sur Q2C http://internetactu.blog.lemonde.fr/2014/04/18/faut-il-combattre-les-trolls/)

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  • Considérer le discours scolaire pour ce qu'il est, dans son rapport avec la pratique politique de l'éducation scolaire, semble aller de soi, pourvu qu'il s'agisse d'analyser la "pratique de l'école".

    Dans les faits, il n'est pas sûr que cette entreprise soit très avancée. Nous n'aurions sans doute pas grand chose à y perdre, du moins en termes de réflexivité sinon de science, mais il est vrai qu'il s'agirait de toutes manières d'une entreprise critique, qui ne peut convenir à ceux qui font profit de l'état des choses.

     

    Méthodologie et idéologie

     

    Je reviens ici sur une vieille distinction qui ne semble guère avoir pris de rides. Il s'agir de savoir, dans l'action éducative, si la tension entre la tendance à s'adonner aux exigences de la technique, ou de l'économique, et celle qui consiste à ériger l'opinion en norme, tendance fortement à l'œuvre dans un domaine à l'enjeu axiologique et politique considérable, peut se résoudre dans ce que j'ai appelé la méthodo-logie.

    C'est peut-être là l'art d'enseigner. A la fois recherche, manière et chemin, la méthode se situe au cœur même de l'articulation des instances qui constituent l'action éducative. Or la méthodo-logie est à la fois logique et réflexivité. Elle ne peut jouer son rôle fondateur que si elle est en prise sur ces instances, et en même temps leur donne sens pratique.

    La "méthodo-logie" dont il est ici fait état ne relève ni des recettes de travail scolaire, ni de la démarche scientifique. Il s'agit d'un terme de "passage" autorisant l'action pédagogique. Nous revenons ici à la pédagogie ? C'est en effet qu'elle n'est rien sans "méthodo-logie", qui en forme le substrat. Dans cette acception éminemment concrète, nous nous en prenons aux deux dérives dont souffre l'action éducative, précisément comme supervisée par le discours scolaire.

    - D'une part l'attirance vers le pôle techno-logique. L'amour de la technique (technicisme, fétichisme, idolâtrie etc) - comme d'ailleurs celui de la valeur marchande - est aujourd'hui redoublé par la formidable avancée des nouvelles industries. Il se manifeste dans de nouvelles croyances, annoncent une nouvelle mythologie à la hauteur, que résume bien l'archisème "Numérique" employé désormais en tout-venant. Pour peu que la "pédagogie" se confonde avec les possibilités techniques, elle reste misérable et asservie.

    - Mais la "pédagogie" s'est aussi noyée dans le verbe, le "jargon", en se confondant avec le propos qui la réclame. Aussi bien, la croyance en sa rhétorique en lieu et place de son effectivité a-t-elle conforté un discours démesuré qui, en définitive la déréalise. Pour peu, donc, que la "pédagogie" se confonde avec l'idéologie de la pédagogie, elle reste désincarnée et, surtout, s'inscrit dans le discours dominateur, qui lui gère le sens à sa convenance.

    - Cette attirance vers le pôle idéo-logique tient aussi bien, et notamment, du néoidéalisme que du néoscientisme. Elle surestime le discours et la production de sens factice, sinon religieux. Elle est en tous cas fortement active et englobe à la fois le discours managérial et sa contradiction, qui, de ce fait, ne pouvant prétendre à l'effectivité du geste critique, est d'avance désamorcée.*

    Cette double échappatoire nous dépossède de ce qui donne chair et sens à l'acte éducatif.

    Formons donc l'hypothèse que ce n'est qu'en renonçant au blocage dans l'un ou l'autre pôle, en nous consacrant au sens de la tension qui est en elle-même action et réflexivité, que nous pourrons retrouver la "formulation humaniste" de l'impératif pédagogique.   

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    * Prenons deux exemples dans les sites spécialisés : d'un côté, le site Educavox qui oriente une grande part de son matériel éditorial sur la question pratique et politique du rapport aux nouvelles donnes techniques, de l'autre les Cahiers Pédagogiques, où le terme de "pédagogie" a pris à la fois bien des expansions et une utilisation réduite à la doxa "d'opposition constructive" sinon simulée. Autre exemple, le "Café pédagogique" qui représente les deux termes, mais non leur possible dépassement, ce média ne cherchant pas à œuvrer pas en cela. On retrouve de nombreux exemples de ces deux excès dans l'abondante littérature des "sciences de l'éducation".

     

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