•  Nouvelles du scolarisme

    Revue de presse : quelques repérages du 1 au 10 février

    Dépêchons, les vacances approchent. A l’odeur des congés, les folliculaires du genre se déchaînent, puis se calment.

     

    Méditations scolaires

                 Pumckl . Source : Le Bon coin

     

    Un telle revue de presse (rdp) relève les annonces et les messages indicateurs de « points problématiques ». Ce sont des plots précieux à partir desquels on peut remonter le courant de la « filière idéologique ». Ici, un exemple de repérages d’articles parus en ligne dans la presse spécialisée en éducation scolaire, essentiellement « de la maternelle au lycée ». Ce sont des « éléments de corpus », typique du discours scolaire.

    Systématique, ce travail, mieux fondé, ordonné, classé, donne un accès (ce n'est pas le seul) à une étude des caractéristiques de la formation discursive en gestation. Si telles ne sont pas une nouveauté, la montée en puissance de formes inédites liées à l'ensemble des processus "d'aliénation avancée" se lit à partir d'autres propriétés significatives (immédiateté, positivité, totalisation, inversibilité etc.).

    De temps en temps, une « cerise sur le gâteau » ! A chacun de choisir et d'en estimer la cocasserie.

     

    Dès lors que la question scolaire est vue par le bout idéologique de la lorgnette, il ne peut y avoir place pour une réflexivité quelle qu’elle soit. Pour les idéologues de l’ « actualité scolaire », , il s’agit au principal de perpétuer un ordre. L’épanchement, mais s’il ne fait pas hémorragie, est contreproductif et démoralisant.

    Remarque de méthode : une rdp « brute » ne peut être qu’orientée par le choix, et les silences qui accompagnent les signalement sont en eux-mêmes révélateurs ; tout article est fait de factuel et de commentaire, implicite ou explicite.

     

    Ici, ma mauvaise foi s'exprime dans les légendes politiquement incorrectes.

     

    10 février 2016

     

    L'extrême-droite est fréquentable

    http://www.vousnousils.fr/2017/02/10/duel-marine-le-pen-najat-vallaud-belkacem-599600

     

    A examiner à la loupe : Todorov

    http://www.iris-france.org/88501-hommage-a-tzvetan-todorov/

    Ses conceptions, son « touche à tout »... NB Trop d’hommages pieux, trop de posthume...

     

     

     

    Les études décisives : le constat sec

     

    http://www.vousnousils.fr/2017/02/07/rased-des-resultats-negatifs-sur-les-eleves-etude-599392

     

     

     

    On est passé tout près d’une bonne question

     

    http://www.questionsdeclasses.org/?Le-Systeme-et-les-systemes

     

     

     

    Nouvelles du maillage

     

    http://www.questionsdeclasses.org/?Pascal-Bouchard-apprendre-a-vivre-et-a-penser-et-bonnes-feuilles

     

    et moi-je

     

     

     

    http://www.questionsdeclasses.org/?La-neige-un-privilege-de-classe

     

     

     

    Du côté des exorcistes...

     " Une rubrique Antidote" : http://www.cahiers-pedagogiques.com/Ne-pas-se-laisser-pieger-par-un-debat-hors-sol

    … entre eux, et tenants de la vérité pédagogique. Une fois muselés toute tentative de philosophie critique, et d'ouverture du débat scolaire, celui-ci n’est pas prêt : ni de décoller, ni de se partager.

     

     

    Neuro-éducation

     

    http://www.educavox.fr/accueil/reportages/e-fran-stanislas-dehaene-presente-le-projet-ludo

     

     

     

    A rapporter aussi au discours universitaire en ce sens, comme à la croyance, à rapprocher de l'adoration actuelle pour le "numérique".

     

     

     

     

     

    Et toujours : l’illusion scientiste ou techniciste

     

    Les algorithmes permettront-ils de différencier la pédagogie ? (Inria)

     

    L’outil numérique pour "rapprocher l’école de toutes les familles" ( Comité de réflexion familles/école)

     

     

     

    L’illusion littéraire

     

    http://theconversation.com/creative-writing-en-france-une-formation-universitaire-en-voie-de-legitimation-72475

     

     

     

    Le rapport éducatif aux médias (au rabais)

     

    http://theconversation.com/leducation-aux-medias-et-a-linformation-et-la-formation-de-futur-e-s-citoyen-ne-s-critiques-71139

     

     

     

    Le salut aux couleurs

     

    http://theconversation.com/la-la-cite-valeur-essentielle-de-la-republique-70077

     

    La foi dans les Valeurs et la République

     

     

     

    Trolls

     

    Hou hou méfions-nous, Les trolls sont partout (pcc Jean Ferrat)

     

    http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/02/02/theories-complotistes-quand-najat-vallaud-belkacem-trolle-ses-trolls_5073288_4355770.html

     

    Les médias volent haut...

     

     

     

    Illuminations pédagogiques : peut-on sauver le navire ?

     

    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2017/02/10022017Article636223109155675326.aspx

     

     

     

    Parole d’auteure avisée. On peut multiplier de tels actes d’édition.

     

     

     

     

     

    9 février 2016

     

     

     

    Les beaux jours : la solution pédagogique

     

     

     

    http://www.cahiers-pedagogiques.com/Neurosciences-et-pedagogie

     

    http://www.cahiers-pedagogiques.com/FabUlis-3-0-Un-laboratoire-de-pratiques-numeriques-en-ULIS

     

    Pourvu que ça dure (dure... loi du marché)

     

     

     

    http://www.cafepedagogique.net/LEXPRESSO/Pages/2017/02/09022017Article636222209880226604.aspx
    A question idiote...

     

     

     

    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2017/02/09022017Article636222209824914168.aspx

     

    (on se le demande, et à quoi s’occupe le chercheur...)

     

     

     

    Idem, et nous avions besoin d’eux...

     

    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2017/02/09022017Article636222209814289168.aspx

     

     

     

    … et de conseils supérieurs

     

    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2014/09/15092014Article635463632091486339.aspx

     

     

     

    A quoi servent les sde

     

    https://50ans-sc-educ.sciencesconf.org/

     

     

     

     

     

     

     

    7 février 2016

     

     

     

    La nouvelle « liberté d’expression » : pour qui, pour quoi ?

     

    http://www.educavox.fr/alaune/s-exprimer-une-liberte-qui-cesse-aujourd-hui-d-etre-virtuelle

     

     

     

     

     

    Les curés du numérique

     

    http://www.cafepedagogique.net/LEXPRESSO/Pages/2017/02/07022017Article636220475405881803.aspx

     

     

     

    On est utile ou on ne l’est pas (nos lointains successeurs se moquent du monde)… Cette verticalité est absurde.

     

     

     

    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2017/02/07022017Article636220475369163288.aspx

     

     

     

     

     

    Citation du jour

     

     

     

    « Mener des actions citoyennes en direction des jeunes et des acteurs de la jeunesse relève de la mission des entrepreneurs. Durant la dernière semaine de mars, nous nous impliquerons sur tout le territoire pour leur transmettre dynamisme, envie, confiance et optimisme. »

     

    Lycéen aujourd’hui, dirigeant d’entreprise demain ? Pourquoi pas… puisque « C toi qui décides ! »

     

     

     

    Freinet à la sauce : ici, au prisme de Sciences Humaines

     

    https://www.scienceshumaines.com/celestin-freinet-faire-pour-apprendre_fr_37217.html

     

     

     

     

     

    L’Incantation aux valeurs

     

    http://www.gfen.asso.fr/fr/10e_renc_gfen_st_denis_2017

     

     

     

     

     

     

     

    5 février 2017

     

     

     

    Énergie économique

     

    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2017/02/06022017Article636219497284287898.aspx

     

     

     

     

     

    6 février 2017

     

     

     

    Les P’tits bateaux

     

    Devinez qui vient nous dire ce soir (qu’il en sait un rayon) ? Question : Pourquoi les enfants aiment tellement jouer ? Réponse : l’expert. Il faut s’habituer.

     

     

     

     

     

    5 février 2017

     

     

     

    Et toujours la « philosophie pour enfants »

     

    https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/49695

     

     

     

    C’est une vague de fond ? En tous cas, nous avions vu le coup venir à l’époque de la promotion en France de Lipman, depuis notre observatoire « iufm », mais à peine le profit idéologique qu’on pouvait en tirer ! Depuis, publications et chaire Unesco entérinent ce phénomène.

     

    V par exemple, côté paranos, https://www.fredericlenoir.com/actualites/5777/

     

     

     

     

     

    3 février 2017

     

     

     

    Tendre au chef d’œuvre

     

     

     

    On se flingue ou on flingue ? Non, on survit, et on gobe tout. Encore un pic atteint par le Café « pédagogique » du jour. Pour qui veut comprendre en quoi le scolarisme accompagne la « permanente bérézina » scolaire…, tous les niveaux sont là représentés, ou presque : il suffit de tirer le fil de l’écheveau…

     

     

     

     

     

    Indispensable : http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2017/02/03022017Article636217058308343744.aspx

     

     

     

    Que met-on sous le mot de pédagogie ? (quelle maltraitance, finalement, de ce pauvre mot).

     

    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2017/02/03022017Article636217058305218524.aspx

     

     

     

    Quel culot. Avec quelques formules à inscrire au bêtisier. Et un petit échantillon de l’aréopage (des idéocrates) : Binait, L Branque, CHL Dévaluée, ii Remue, Hilare. J’emploie des anagrammes, pour ne pas être accusé d’attaques ad hominem...

     

     

     

    Côté people

     

    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2017/02/03022017Article636217058243963837.aspx

     

     

     

    Un spécialiste des « sciences » de l'éducation, pas populiste pour un sou.

     

    Seul à pouvoir le dire, moi-je mon opinion et ma photo en grand (à quand le Tableau officiel en costume de sacre?).

     

     

     

    Ferait mieux d’analyser le phénomène, et ce qu’il révèle…

     

     

     

    v. le dossier à partir de l’expression clé « école démocratique ».

     

    ex. http://www.slate.fr/story/116317/ecoles-democratiques-cours-programmes

     

    (v. aussi les stéréotypes des alternatives supposées…).

     

     

     

     

     

    Études dispendieuses

     

    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2017/02/03022017Article636217058233494283.aspx

     

     

     

    Nouvelle scolastique nouveau scolarisme, scientisme. Pendant ces déversements, le monde peut crever....

     

     

     

     

     

    La Force des Valeurs

     

    http://www.cafepedagogique.net/LEXPRESSO/Pages/2017/02/08022017Article636221354918805215.aspx

     

    Maillage, père et fils, revues sde, habitués

     

    Ça m’étonnerait que je sois invité...

     

     

     

     

     

    5 février 2017

     

     

     

    https://edso.revues.org/1903

     

     

     

    Opportunismes : on n’y avait pas pensé. Revue très caractéristique du discours scolaro-universitaire et des thèmes à la mode

     

     

     

    La croyance verticale et scientiste

     

    http://www.educavox.fr/accueil/debats/la-fin-d-une-ecole-le-debut-d-une-autre

     

     

     

    http://www.cafepedagogique.net/LEXPRESSO/Pages/2017/02/08022017Article636221354984742308.aspx

     

     

     

    Le succès mérité du Prédicat

     

    Si-si http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2017/02/08022017Article636221354895367865.aspx

     

     

     

    Le divin marché

     

    https://www.franceculture.fr/emissions/rue-des-ecoles/lecole-face-aux-entreprises-du-numerique-40-ans-de-culture-et-deducation-au

     

    Élèves, le conseil supérieur s’occupe de vous

     

    http://www.cahiers-pedagogiques.com/Ecouter-les-eleves-pour-les-faire-travailler

     

     

     

     

     

    2 février 2017

     Le sens (profond et démocratique) du débat

    http://www.lemonde.fr/campus/article/2017/02/02/l-avenir-de-l-ena-objet-de-nombreux-debats_5073424_4401467.html

    Non, l’école n’augmente pas les inégalités
    > http://www.inegalites.fr/spip.php?page=article&id_article=2252&id_rubrique=64

     

    1 février 2017

     

    Attention ça décoiffe

    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2017/02/01022017Article636215327526844837.aspx

    Je dois refaire toutes mes études. Car aujourd’hui, je dois savoir que : « Le langage est un outil » , ou que « l’imagination s’apprend », entre innombrables idéologèmes.

     

     

     

     

     

    Ad libitum.

     

     

     

    Nous sommes gâtés. Des caractéristiques d’ensemble peuvent aisément se déduire de ces observations. Attachement à la doxa, maillage, absence d’écriture distanciée et de réflexivité de fond, trafic des lexèmes, motifs de l’idéologie. Etc.

     

     

     

    L’absence de « voix alternative», d’observatoire et d’études sur ces données est préoccupante.

     

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  • Dites, si c'était vrai ?

    http://www.educavox.fr/agenda-2/la-semaine-d-education-et-d-actions-contre-le-racisme-et-l-antisemitisme

    "la mission de l’école de faire acquérir à tous les élèves le respect de l’égale dignité des êtres humains, de la liberté de conscience et de la laïcité, il apparaît nécessaire de redonner une impulsion nationale forte aux actions éducatives menées dans le champ de la prévention du racisme et de l’antisémitisme, de la défense et de la promotion des Droits de l’Homme et des principes fondamentaux de la République."

    "Son objectif est de sensibiliser les élèves des écoles, collèges et lycées, à la prévention du racisme, de l’antisémitisme et de toutes les formes de discriminations. Les manifestations qu’elle favorise concourent à faire acquérir par tous les élèves le respect de l’égale dignité des êtres humains, quelles que soient leurs origines, leur condition, leurs convictions. Cette semaine est l’occasion de promouvoir la construction d’une société de justice, de tolérance, d’égal respect pour la dignité humaine et pour le vivre ensemble."

    Choouette

                      Derrière l'autre, il y a ...

     

                 Chouette, non ?

     

    Mais on en revient toujours au même point : "Qui éduquera les éducateurs eux-mêmes "?*

    Car ici comme en de nombreux cas, c'est la position magistrale qui l'emporte sur la co-expérience. L'éducateur est exempt de tout soupçon moral. Il peut, à ce titre, donner leçon. Si possible d'esprit critique et d'éthique.

    Car i faudrait s'attaquer non à la surface des choses, à coups de slogans et de "journées", de "semaines", mais au fond : derrière l'exclusion, il y a le principe d'exclusion, derrière le rejet ou le mépris de l'autre, il y a le principe de répulsion.

     

     * Sailer, Marx, Savater et alii...

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  • Reprise d'un billet plus ancien, dont l'actualité ne faiblit pas...

     

    Tous citoyens ? Pas moi, M'sieur, puisque je ne suis plus convié au grand banquet, et exclu des affaires publiques. Je reste interdit de séjour de fait sur les divers pans de mes compétences supposées (à supposer que j'y ai travaillé, et avec d'autres, depuis quarante ans). Je ne suis pas citoyen, depuis un bon bout de temps.

    Tous citoyens

                                                                                 Agora

     

    Mais d'autres, non plus, si on retient :

    "L’image du citoyen qui se dégage de l’ensemble de nos lectures serait celle-ci : est citoyen(ne) la personne qui fait passer l’intérêt général avant son intérêt propre et/ou immédiat. Il ou elle reste en éveil par rapport aux enjeux de la cité, il s’informe sur un certain nombre de sujets politiques au sens noble du terme. Être citoyen, cela renvoie à une quête de conditions de vie optimales pour le plus grand nombre."

    (Source : Delphine Huybrecht, Un nouveau cours de citoyenneté ?)

    On trouve aussi sur la toile genre google+wiki ce genre de définition :

    "La citoyenneté est le fait pour une personne, pour une famille ou pour un groupe, d'être reconnu comme membre d'une cité nourrissant un projet commun auquel ils souhaitent prendre une part active. .."

    Ce n'est pas la moindre des roueries paradoxales dont le discours actuel abreuve, en espérant qu'un jour, tout le monde y croie.

     Loin d'être individuel, le cas est un indice problématique : je me suis méfié, dès que j'ai vu monter il y a un quart de siècle le discours de la citoyenneté, désormais déréalisé, et compris quelle idéologie il annonçait.

     

    Le terme même est un piège sans fond : de la citoyenneté exercée dans la coexpérience, au slogan vide et hypocrite, il y a une éternité.

    En attendant, on peut toujours se consoler en s'imaginant citoyen du monde, ce qui a plus d'allure qu'adepte de la Nation Française ;  ou en rêvant à la citoyenneté européenne, dont peu se soucient dans l'action.

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  • Réponse à Pierre Moreau

     

    Je signale de temps en temps sur telle liste des extraits édifiants de revue de presse en actualité scolaire. Collectionnés sur une période un peu longue, ils constituent non seulement un angoissant bêtisier, mais un corpus de choix pour qui voudrait revenir scientifiquement à la tradition de l'analyse critique. On n'en voit pas la couleur.

    Une fois la pédagogie des médias devenue une pédagogie "Au petit bonheur", noyée dans le grand Maelström des slogans d'état, que restera-t-il du sens éducationnel ?

    Ce texte est une réponse à une question de Pierre Moreau sur la liste Freinet : "C'est quoi le pb ? le prêt à l'emploi (prêt à penser) ? et/ou l'emprise du numérique ? l'emprise de sociétés commerciales sur le péda ? ou les 3 ? ou autre chose encore ? merci pour qq éclaircissements…"

     

    Au petit bonheur la pédagogie

                                       Isaac Cordal, Nantes 2013

    _______________________________________________________________________________________

    Votre (bonne) question c'est "du lourd" : donc, du riche, et nous devons y répondre de manière un peu étayée.

     

    « En ce qui me concerne, je n'ai jamais caché mon attitude politique. Aujourd'hui comme hier, je pense que nous devons lutter pour une société socialiste. Pour cette raison, c'est l'homme de demain que nous devons préparer. Notre éducation doit être une éducation en profondeur. Et c'est à l’École qu'on doit la dispenser. Il ne s'agit pas de propagande ». (Célestin Freinet, cité par Henri Portier)

     

    Une simple revue de presse quotidienne dans les médias spécialisés soulève de nombreuses interrogations, et permet de pointer autant d'absurdités qui devraient interpeller au moins une conscience rationnelle, et en tous cas une volonté contestataire d'un ordre absurde. Rien de pire que le "constat sec", non suivi d'actions.

    Les deux exemples sur lesquels vous êtes intervenu sont indicatifs d'un ensemble qui mériterait qu'un "observatoire du discours scolaire" se mobilise. A ce jour, il n'en est rien, pas davantage du côté des "scientifiques" patentés que des "groupements pédagogiques". Il y a pourtant de quoi faire.

    Ces choses ont été simples. Elles sont faciles à comprendre : il n'y a pas à noyer le poisson. Or il faut prendre acte de ce qui se passe, sous les Grands Intitulés à la mode : la galaxie du Grand Tout Numérique, l'"EMI"…Etc.

    - Le prêt à penser, en effet : comme le pouvoir indique qu'il est aujourd'hui de bon ton (que de progrès!) de s'appliquer à suivre ses slogans, "l'enseignant innovant" s'empressera d'obtempérer. D'autres ont quelque reculs, et pas toujours pour de bonnes raisons... Le seul critère est celui de la rationalité historique et de l'exercice de l'esprit critique. A défaut, nous restons les "sujets" d'une majesté certes bienveillante, mais dans quel but ?

     

    Lire

     

    1) http://www.educavox.fr/toutes-les-breves/madmagz-deploye-dans-tous-les-lycees-picards-a-la-rentree-2015-2016

    Touchant spécialement le journal scolaire, nous avons, depuis l'apparition de cette initiative (relayée notamment par Educavox) alerté sur la dérive qu'elle symbolise. Nous avons craint il y a longtemps que le travail de légitimation institutionnelle ne génère un "clonage" de formules déconnectées du sens pédagogique.

    Cet exemple est d'autant plus grotesque que nous pouvons bien entendu nous en passer. A quoi cela correspond-il, quelle est ici la forme de l'intrusion ? Car il y a bien longtemps que nous avons créé nos journaux et nos sites, sans avoir recours à de tels "services"! Voilà aussi où mène l'idée d'un "journal scolaire", purement technico-pratique et complaisant.

    Il y a eu par le passé des échanges approfondis, nourris par l'expérience et l'étude, et avancé des distinctions salutaires quant aux diverses conceptions du "journal scolaire" (tous supports confondus) et apparentés. Cela ne va en effet ni de soi ni d'un bloc, et il y a par exemple un monde entre la pratique pédagogique du journal où se jouent les transferts d'apprentissages ou encore l'"expression sous tutelle". (A ce propos, nous sommes loin, avec "l'expression sous tutelle" de nos libres pratiques, dès la fin des années 50. Il s'agit au contraire d'un confinement majeur en cours de réalisation. Il n'est heureusement pas certain que cette entreprise de bêtification réussisse). Curieusement, aucune synthèse collective n'a depuis vu le jour, qui permettrait de s'y retrouver... et d'assumer les choix.

    A ce propos, je crois donc une mise au point générale nécessaire : la tradition de Célestin Freinet est d'une eau spécifique, bien éloignée des pratiques dénuées de sens. Cela ne signifie pas que c'est la seule définition possible du "journal" réalisé par les enfants, les jeunes, les jeunes adultes en milieu scolaire et au-delà. Et il ne faut pas compter pour cela sur les pouvoirs publics, asservis à l'idée d'articuler "numérique et "marché" et voulant enfermer le "journal scolaire" à sa définition purement technique et "scolariste", et l'amalgame des genres.

     

    2) http://www.cahiers-pedagogiques.com/Prof-doc-cheville-ouvriere-de-l-EMI

    Touchant feue la pédagogie des médias, qui a fait place à la tarte à la crème de l'hyperslogan "éducation aux médias et à l'information", qui semble bien faire fonction aujourd'hui de discours d'enfumage - et à grandes dépenses de communication institutionnelle, en lieu et place de production pédagogique, quel gâchis - nous avons travaillé de longues années en faveur d'une intégration dépassionnée du rapport aux médias dans l'enseignement. Certains voulaient en faire une "matière". J'étais pour ma part favorable à une transversalité, d'autant que depuis longtemps des profs avaient agi dans ce sens. Pourquoi pas au besoin des apports pointus, mais surtout pas des "cours", et en synergie avec les autres dimensions du cursus.

    Le problème des innombrables exemples promus (ou plutôt signalés) actuellement, c'est qu'ils déversent les "recettes", d'ailleurs pas nécessairement éclairées par une formation digne de ce nom -, sans analyse ni recul critique (ne fût-ce qu'une mise en perspective et des termes de questionnement, ce qui serait la moindre des choses) .

    Exemples sur cet article :

    - Le titre est trompeur. L'exemple donné témoigne de quelle pratique réelle ? Tout paraît conventionnel, et aurait très bien pu se passer il y a plusieurs décennies...Quel est le rapport avec une "pédagogie des médias" ?

    - Comment est apparu le sigle à la mode, pris comme argent comptant, d'où vient-il (il ne tombe pas du ciel)? pourquoi ? A quoi ( et à qui) profite-t-il ?

    Je passe les formules toutes faites répétées comme en catéchisme : " L’univers numérique est complexe, l’apprivoiser en produisant est un moyen de devenir un citoyen averti et actif." Ou encore, que penser de ce genre de formule : " Les sciences de l’information et de la communication sont devenues pour l’école une science fondamentale à diffuser sans modération dans toutes les disciplines et entre elles."

     

    ***

    Ces deux exemples significatifs montrent après tant d'autres à quel point l'héritage critique de la recherche en pédagogie des médias s'est perdu. Soit fondu sans références dans le flot des "nouveautés-qui-n'en sont pas", soit détourné dans un utilitarisme ou un "adaptationnisme" sans âme.L'exemple du Journal Scolaire est caractéristique de cet écroulement. Il n'y a pas de JS "en soi". Et il me paraît toujours que c'est un excellent sujet de recherche en action pour le mouvement le plus impliqué par le message de Freinet, pour qui le JS était tout autre chose que les caricatures en forme de gadget du moment. Un document de fond remettrait-il les pendules à l'heure ? Ou faut-il laisser couler ?

    L'exemple de la vulgarisation d'une "EMI" (dans l'Univers des Sigles...) sans grand contenu est lui aussi révélateur d'une perte de sens, et n'a plus rien à voir, ni avec ce que nous en avons travaillé, ni avec l'idée d'une intégration dans le cadre d'une pédagogie muable (et non pas stérilisée et confinée) dans les cursus scolaires.

    Ceci rejoint en effet le vertige idolâtre du "Numérique", considéré comme principal slogan d'une idéologie. On pourra appeler cela la "néo-idéologie", et on voit à quel point le discours dominant déverse là des flots de paraphrase pour conforter ce grand nuage. Heureusement que les enseignants consciencieux n'en ont cure, et que d'autres professions, notamment celles du soin, regardent cette hystérie comme une curiosité d'époque.

     

     

    Le slogan, en effet, malgré l'immensité de sa vertu déployée, n'est absolument pas à la hauteur du "changement de paradigme" que nous traversons, et qui mérite tout autre chose que des considérations et des excitations techniques ou pieuses…

    ***

    Si je me permets ces réflexions, c'est que je ne suis pas moins "autor-isé" que d'autres, même si je suis aujourd'hui retiré par la force des choses ; j'ai été longuement aux avant-postes (recherche, formation, actions) de la question du rapport éducatif aux médias et aux nouvelles techniques, et en relation avec une tout autre conception – réflexive, émancipatrice dans sa visée - que celle que l'on veut mettre en place aujourd'hui (après avoir fait table rase de l'époque antérieure). Faut-il rappeler que nous avons été pour cela battus à plate couture ?

    Tout cela est d'autant plus difficile que les tenants officiels de ces domaines, après nous avoir éliminés, n'ont aucune envie de nous laisser dire et écrire quoi que ce soit, et encore moins d'en débattre. Chacun sa place au soleil du Numérique, entre vieux chevaux de retour, clercs arrogants, et publicistes avides. Pas question de contredire, ni même d'échanger!

    Au contraire de cette posture péremptoire (excluant tout dialogue), nous prônons une large discussion ouverte sur ces questions, un échange instruit aussi bien théoriquement que pédagogiquement, à l'écart des "maîtres à penser", des rhéteurs, ou des porteurs d'opinion médiatique. (Franchement, qu'avons-nous à faire que les mandarins continuent à se positionner entre eux, avec l'aide des médias, tout en haut de l'estrade, sans que ni les spécialistes, ni les gens de bon sens, aient leur mot à dire ? Voyez comment ils récidivent sans cesse).

     

    Résister

     Alors, c'est quoi, «Résister» ? Le terme a quelque succès d'estime, après "s'indigner". Mais nous ne pouvons en juger qu'à l'aune de la vérité pratique. Et à quoi résister : si c'est non seulement aux scandales sociaux les plus flagrants, mais aussi, en matière d'éducation, au progrès sans contrepartie de la pensée unidimensionnelle, alors il y a du pain sur la planche et des actions à imaginer.

    Sauf à accepter les prescriptions du pouvoir, ses conceptions de l'école, ou participer à leur propagation, c'est en effet s'insurger contre les risques que fait courir à la culture la néo-idéologie. Ici, c'est évidemment aller contre l'avancée inexorable du rouleau compresseur libéral, aujourd'hui entrant dans une phase nouvelle, que nous appelons le postlibéralisme, avec ses fastes de slogans et de simulacres. Mais gare à ceux qui s'y risqueraient isolément! Ce ne peut donc être que le fait d'un courage (d'un "ouvrage") collectif.

    « Critiquer du haut de la chaire est chose facile, mais réaliser dans la vie, unir la théorie à la pratique, n'est certainement pas l'affaire des fanfarons de la théorie pure ».

    C'est notamment dans le domaine scolaire se révolter contre une surhiérarchie démesurée, contre la mainmise des clercs et des idéologues d'état, et bien entendu, la confiscation du débat qui ne présage rien de bon ;

    ne pas supporter, en effet, les gourmandises non seulement des clercs, mais aussi du marché et des vendeurs de tous poils, alors que nous savons bien nous passer de leurs "services" et créer nos propres outils et nos propres médias,

    s'indigner des récupérations en tous genres et de l'absorption des plus belles idées pédagogiques dans un méchant brouet "éducatif",

    c'est ne jamais prendre pour pain béni les injonctions supérieures, sur lesquelles nous sommes priés de nous aligner : depuis les Lumières, comment supporter les "paroles d'évangile"? Et l'on ne peut comprendre la raison qui pousserait à accepter le discours politique en éducation scolaire, sans exercer son jugement critique, sur les fondements, comme sur les conséquences. (Nous disposons depuis longtemps de méthodes d'analyse textuelle et de lecture critique du discours des médias (lecture des médias, "mise en scène de l'information", pouvant fort bien rencontrer l'analyse historique critique).

    Sur ces questions, nous aimerions voir se développer un débat étayé et des réponses adaptées. 

    ***

    Ce ne sont là des indices parmi tant d'autres. Sommes-nous encore dans la queue de comète d'une si durable période de sécheresse en matière de réflexivité partagée et de distance critique en action ? Ou pouvons-nous en sortir, trouver la passe, participer à de nouvelles émergences ?

    Je n'admets là ni les défaitismes, ni les dérobades, encore moins la posture de ceux qui profitent de la situation et la perpétuent. Sur le fond de la pensée "à mener ensemble", je n'ai pas changé d'avis. La situation d'ensemble est bloquée depuis un bon moment. Les évolutions, et en particulier les récupérations massives des énergies d'initiative par un système discursif sans mémoire ni alternative, posent des problèmes nouveaux, qui exigeraient que des réponses nouvelles s'inventent.

     

    Tout texte est discutable, amendable, améliorable.

     

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    "On rent’ dans la classe oùsqu’y a pus bon d’Guieu :
    On l’a remplacé par la République !" (Gaston Couté, 1928)

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