•  

    Numérik : dieu païen (technolâtrie)

     

    *

    _________________________________________________________________________________________

     

    A propos de  : Dominique Boullier,  Sociologie du numérique, Armand Colin, 2016

     

    Paradoxe du livre à l'heure de l'édition "numérique" et de l'open !

     

    Misère de l'homme sans numérique

     

    Et moi qui ne sais toujours pas ce qu'est le "numérique" ! (Pas davantage que la technologie si ce n'est pas une science

     

    Comment aujourd'hui que nous avons été largement dépassés par le phénomène et le déchaînement discursif qu'il produit, cerner encore l'ampleur du montage et de l'usage ? Dans les deux cas "numérique"/"digital" (chacun son pays!) , la métonymie n'est pas satisfaisante, sinon à accepter sans broncher une apparition de sens nouveau, mais il faut en déterminer les raisons. "L'univers" ainsi concentré a toutes les chances de former mythe et pour ce qui est de l'école, servir d'hyperslogan. Pour les éditeurs et les folliculaires, un "mot-porteur", pour aller vite et voir les choses de très-haut. C'est déjà fait.

    Nous voilà donc tenus de déconstruire... ce que nous n'avons jamais construit.

     

    Notations à chaud

    Jusqu'au début des années 90, la tripartition PMR (Programme Médias Réseaux, 1994) me suffisait, d'autant qu'elle était à la fois ancrée dans une pratique à grande échelle, et porteuse de développements prometteurs.

    Une des idées de ce programme éducatif en milieu scolaire européen, développé entre 1989 et 1994 (dont nombreuses publications internationales) était d'investir en temps réel les techniques "nouvelles" mises par le marché à disposition du grand public. A l'époque, il ne s'agit au principal de la "télé-matique "Nora-Minc" – téléinformatique, fax, vidéotex. Ensuite, les choses iront très vite, et prendront l'ampleur qu'on sait.

    Clarifier l'histoire de la tripartition "informatisation", médiatisation", "réticularisation" de la société. Il s'agissait pour moi d'un point de départ, exploitable par la suite, que j'ai par ailleurs largement paraphrasé et détaillé. "Numérique" est encore lié par son étymologie et les faits techniques, à la dimension informatique de ces évolutions.

    A remarquer qu'il existe un plagiat curieux (avec les catégories duquel je ne suis pas en accord) produit plus tard du côté "Homo Numéricus" (sous le titre de "théorie du cyberespace", Mounier)

     

    ***

    Je lis la der de couv ; et suis vraiment mal à l'aise avec : "une synthèse critique des travaux réalisés sur le sujet"... Quel en est le corpus ? Quelles sont ses frontières ?

    - ( Par exemple, inclura-t-il les opportunismes éditoriaux ("Ecole Numérique et Sté qui vient" ou encore "Tsunami numérique". Suivez mon regard. Les maîtres à penser s'étant - bien souvent sans avoir travaillé le sujet - recyclé dans le genre (ce qui donne en éducation scolaire des personnages savoureux, mais dangereux du fait de leur inconsistance théorique et expérientielle).

    Tout autant que j'ai été très circonspect, sinon davantage, sur des expressions comme "humanités numériques" etc. etc. On peut en dresser un beau tableau et pointer les risques de ce bouillonnement discursif dans le milieu académique, en passant par la critique des présupposés "épistémologiques", sinon idéologiques, de leurs chantres*.

    _______________

     * On l'aura compris, nous n'aimons pas le cléricalisme. Et surtout, quand les "chantres", peu partageux, ne nous apportent... rien.

    ***

    Entre remarques.

    Il s'agit d'un domaine à haut risque. La pression est considérable, et redoublée quand il s'agit de la chose scolaire (de la maternelle aux supérieurs). Le risque, en raison de l'ampleur de la question, ce sont les approches individuelles ou de pré carré, et la dissémination qui s'attache à l'édition. Il s'agit là plus que jamais de partir non de l'extérieur, mais de l'articulation entre pratique (sociale, pédagogique, et clinique) et théorétique. Une telle approche est nécessairement transdisciplinaire.

     

    ***

    J'ai donc deux questions relatives à ce bouquin.

    1 A propos de "histoire du numérique"

    J'ai pour curiosité de chercher à comprendre quand, comment, pour quelles raisons est apparu l'hyper-polysémie "numérique" ; j'aurai pas mal fouiné, mais n'arrive pas à une réponse satisfaisante : "c'est un fait", "ça s'est passé", "le mot est acquis et va de soi" etc. Les grandes envolées magistrales, lyriques ou morales ne manquent pas dans le genre !

    2 Relativement à l'éclairage scientifique : comment la Théorie de la Médiation (que cite l'auteur) peut-elle se saisir "de ce domaine de questions" (Cette demande s'adresse à nous tous, soucieux de "prendre distance" de la situation (j'avais proposé une approche mésologique des médias (et pour cause, mais je ne crois toujours pas qu'il s'agisse de la même mésologie que celle de Berque). Réf. Philosophie des milieux, 2011. ce ne sont pas les pistes de travail qui manqueront.

    NB Ces questions à ce jour ont fait plouf, auprès des intéressés, avec ceux qui, sur le papier furent censé être à même d'y répondre. Comme toutes les questions de traçage de l''historicité. Autre époque : ainsi va la connaissance.

    Partager via Gmail

  • J'ai eu envie de réagir à deux textes récents marquant à quel point nous avons, quant à l'école. besoin de renouveler le regard et la détermination.

     

    Désirs d'école

                                                             M83 Source : cidehom.com/

     

    Le dernier quart de siècle a été ravageur. Nous sommes, à un stade suivant de la spirale historique, dans une situation comparable à celle qui indigna le geste des pionniers d'une alternative éducative.

    Déjà s'entendre sur ce constat, ce que les réactionnaires de tous poils ne peuvent admettre. En attendant une improbable conversion des clercs et des querelleurs à la pensée critique, la possibilité d'action, hors de rares ilots, reste elle-même aléatoire. 

    Des indices encourageants se lisent toutefois dans une prise de conscience augmentée des effets de la mutation en cours. N'était la procrastination qui s'y attache (car "il est toujours urgent" de constater ce qu'on sait déjà), ils peuvent laisser présager l'émergence d'une force d'ouverture.

    ***

    Puisque nous sommes invités…

    - par la Commission Éducation de Nuit Debout Paris, le 65 mars (4 mai 2016)

    Télécharger « Debout l École une lecture.odt »

    - par les auteurs du Manifeste pour une tout autre école (2015-16)

    Télécharger « Tout autre école une lecture.odt »

    et même implicitement par ceux qui appelleraient au débat, pour la forme (pour le fun), mais aujourd'hui ne le souhaitent pas, pour les faits, et dont nous espérons une autre attitude,

    travaillons.

    J'ai eu envie de prendre quelques notes immédiates, nonobstant les travaux antérieurs depuis plus de quatre décennies :analyses, actions, publications, études et autres pensées passées.

    Ainsi

    Un espace démocratique d'échanges et de débats sur la question scolaire ? Inespéré ! Car nous voulons encore y croire...

    Nous avons maintes fois rêvé d'un débat sans trêve, qui est le corps même de l'effort démocratique, et que favorisent grandement les techniques actuelles de communication.

    C'est possible : pour autant, que d'oppositions, de barrières, de verrous. Que de débats avortés avant d'avoir pris corps. Au bout du compte, quel manquement.

    La première tâche, comme devant, et rarement, est donc de chercher à "libérer la parole". Pourvu qu'elle ne soit pas futile, déversoir d'opinion, logorrhée académique.

    Peut-être pouvons-nous espérer en de nouvelles opportunités en ce sens ? Un peu d'air frais, en effet, du côté de la réflexion sur l'éducation scolaire. Nuit Debout à Paris, Tout autre école en Belgique.

     

    Un espace

    Plus que des signes, ce sont des ouvertures. Sur le fond, elles ne sont pas localisées, mais nous concernent tous du fait de leur détermination. Car la question scolaire souffre paradoxalement de l'absence de débat renouvelé. Elle est prise dans un double processus de dissémination pratique, et d'épuisement théorique.

    Une des raisons du blocage éducationnel est la persistance du travail d'encadrement de la pensée par les organisations dédiées : le maillage des institutions bien-pensantes, l’extraordinaire déperdition discursive et publicitaire qu'elles alimentent sans cesse, en lieu et place d’ancrages résolus, d'articulations théoriques et pratiques, le barrage opposé à toute pensée externe, concourent à perpétuer un ordre fait de l’équilibre entre la gouvernance et son opposition consacrée.

    Au-delà du frémissement, le mascaret ? Ce qui peut arriver à un tel mouvement : la déperdition du message, l'indifférence , la "sourde oreille", la relativisation, ou encore les tentatives de récupération. Il lui faut affirmer une autonomie dans la nouveauté et une originalité – car il y en a une d'intention.

    Quelques signes actuels marquant une volonté de renouer avec une autre visée éducative que celle qui nous est imposée à travers les systèmes scolaires et formatifs déboucheront-ils sur une vision et une visée renouvelées ?

    Nous le souhaitons, mais il faudra pour cela faire le deuil d'une doxa inepte, épandue par les clercs, c'est à dire tracer un chemin commun.

     

    Et aussi

    Pour ma part, je ne crois pas qu’il soit de saison de pinailler sur ces textes ou de les rapporter à quelque objection sur les termes. Ils sont ce qu’il sont, avec leur inspiration.

    Mais ils sont significatifs du besoin de renouveler le genre : ni la pensée scolaire, ni la philosophie de l'éducation, n'ont produit ce dernier quart de siècle d'avancées, et encore moins de ruptures, décisives.

    L'essentiel est d'en accueillir l'esprit.

    ***

    Suit donc un texte à élaborer. Rien de nouveau sauf que...

    En voici quelques extraits.

    Télécharger « Sur le désir d'école extraits.odt »

     

     

    Partager via Gmail





    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires