• Pour un observatoire du discours scolaire

    Nul ne peut risquer de beaux propos généraux sans, dans le même mouvement, en tirer les conséquences concrètes. En principe.

    Par exemple, il est trop facile de de déclarer ou d'indiquer qu'il faut montrer comment fonctionne le discours scolaire : nous avons assez de pistes et de moyens théoriques appropriés. Mais qui le fera ? Dans quel cadre ?

    Pour un observatoire du discours scolaire

     

    - On imaginerait donc volontiers que les chercheurs en "sciences de l’éducation" se dotent d'un tel outil, à la croisée des préoccupations des diverses "parties prenantes".

    - On se réjouirait de voir les linguistes et les spécialistes de l'analyse des discours prendre cet ensemble comme corpus privilégié pour la compréhension des phénomènes scolaires. Quitte à focaliser l'effort sur tel point significatif.

    - On se frotterait les mains de voir les "mouvements pédagogiques" étayer leurs commentaires sinon leurs actions d'un tel préalable. Ou encore, les groupes de recherche des syndicats enseignants ainsi préciser leurs revendications sur le rédigé des programmes.

    - On applaudirait le travail des spécialistes officiels de l'"éducation à l'image et aux médias" pour cette contribution déterminée à la "formation d e l'esprit critique"...

    - On se féliciterait de voir les journalistes avisés éclairer leurs commentaires d'actualité des textes officiels de l’éducation nationale française d'un recul critique minimal, quitte à faire appel en cela à quelque  compétence extérieure.

     ***

    Soyons clairs : cette billevesée n'est pas à l'ordre du jour. Nous ne sommes plus au temps de la lecture critique à base de méthodes précises et rigoureuses. Et s'il fut peut-être une époque d'intérêt pour ces analyses, elles ne se sont jamais vraiment appliquées aux objets majeurs de l’idéologie et de la  quotidienneté, protégés par quelque barrière "d'interdit critique". Et les quelques démontages en vogue alors - publicités, discours de presse etc. - ont fait long feu. Encore aujourd’hui, les "médias" restent à l'abri, et ce ne sont pas les hyper-slogans de l’éducation nationale prônant quelque "éducation aux médias" aseptisée qui ressusciteront la flamme scientifique.

    Dans le cas du "discours scolaire"', la charge axiologique dont la question de l'école est si lourde, la surveillance appliquée exercée par les gardiens du temple, l'implication religieuse des clercs qui en dissertent sont autant d'obstacles décisifs à l'émergence d'une tentative  de "lecture" perspicace et pénétrante. D'autant qu'au-delà des survols toujours possibles (mais le dernier un peu lucide... date) il faudrait affronter un corpus considérable et en expansion continue.

    S’agissant alors de l'intersection entre le discours médiatique et le discours scolaire, le poids de l'enjeu là cristallisé a pour un effet de tétaniser tout effort de pensée à la hauteur des problèmes posés. D'autant qu'un tel effort - qu'aucun critère théorique n’interdirait - aurait fâcheusement un relent de rationalité et de sagacité post-marxistes.

    En termes de "philosophie de la pratique éducative", le discours scolaire, tous genres confondus, est en tous cas l'objet privilégié d'un exercice de la réflexivité, au service d'une intelligence de la situation et de l'action.

    En réalité, la question qui nous est posée ici est plus compliquée : car en amont de toute discussion sur les modalités, il faut déjà se demander pourquoi ce travail n'a pas lieu. Ni lieu d'être, ni lieu d’exercice.

    C'est là une aveuglante évidence : seul un renversement de tendance ouvrirait la possibilité d'un tel travail. Qui, en attendant, relève de la naïve utopie.

     

     

     

     

     

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