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Loger l'idéologie
Je reviens incidemment sur la « pensée de l’intervalle » dont j’ai pu développer naguère quelque aspect.
Ici, entre le questionnement théorique de la philosophie de l’éducation et l’exercice pratique de l’art pédagogique, donc.
Source : Maud Maffei
A défaut d’articulation constante de l’un à l’autre, de tension entre ces deux pôles, nous séjournons indéfiniment dans un no man’s land de la pensée, dont le vide peut en effet tenter le goût du discours.
Ce que nous avons appelé par ailleurs « discours des limbes » tient plus précisément à l’absence de passage entre deux moments, d’intersection entre deux niveaux de l’activité éducative. Ni discours théorique sérieux, d’autant qu’il est davantage abreuvé aux eaux de la doxa qu’à la manne d’une épistémologie rigoureuse, ni engagement de service dans une pédagogie aimante, d'autant qu'il est perturbé par des impératifs externes à ses finalités propres, le « discours des limbes » tient lieu aujourd’hui de pensée de l’éducation et de la formation. Mais il se tient comme en suspens dans l’entre-deux où rien ne se fait.
L’idéologie (pas seulement) se niche (pas là seulement) dans cet intervalle qui ne demande qu’à être empli de sens mythique, accompli en sens "unique". C’est dans ce même intervalle que se déploient tous les ramifications et les bribes cumulées du discours scolaire. C’est le propre des « médias pédagogiques » comme des « sciences de l’éducation » de les gérer et de les développer en une interminable logorrhée.
Plus encore : alors que l’absence d’articulation entre questionnement, anthropologie et art pédagogique laisse place à des vides de pensée éducative, la fausse articulation entre « sciences » de l’éducation et « idéologie scolaire » génère un anti-sens, d’où plus rien ne peut émerger.
D’où l’impression fâcheuse, mais fondée, que l’an-historicité se complaît là, tandis que le monde, lui, bouge.
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Tous ces phénomènes sont à rapporter à une théorie générale qui, en la matière, nous fait défaut.
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