• Joachim Roncin, et tous

    Les événements d'une extrême gravité qui se sont déroulés du 7 au 9 janvier doivent nous inciter à un peu de dignité. Alors que les commentaires d'opinion n'ont pas manqué de se déverser par flots incontrôlés, il n'y a, hormis le soutien sans faille à l'indignation générale que deux attitudes respectables.

    L'une est que le temps de l'immédiat doit être mis à sa place. Il y a un temps pour l’analyse, la compréhension.

    L'autre est qu'un grand deuil n'est pas tapageur. Faire silence s'impose.

     

    Il y a aussi un temps pour l'action : loin du blabla moralisant. Car ces situations ne sont pas sans rapport avec la dérive passive du dernier quart de siècle.

    Tout autre comportement serait indécent.

    Pourtant, les spécialistes du genre n'ont pas pu se se retenir. On aurait pu espérer que devant l'ampleur d'un tel drame chacun ait à cœur de laisser un temps ses dogmes, et pense à l'unité. Que nenni : chacun de continuer comme devant. Quel serait donc l'événement qui ferait enfin bouger les lignes ?

    C'est à ce contexte détestable qu'il faut s'attaquer, celui de la dégringolade du sens et des fractures béantes, dont il est impossible de se satisfaire.

     

     

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  • Quand un système perd la boussole...

     

     

                                Chassiron

     

    Lire vite : Socle commun : ce que les enseignants en pensent 

     

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  • IL serait intéressant de tenir à jour une "revue de presse" du discours scolaire tel qu'il s'épanche et se répand sans retenue. Une véritable "littérature" se met ainsi en place depuis un quart de siècle, dont le sens n'est pas à chercher dans les thèmes et sujets traités, le plus souvent stéréotypes ou rituels, mais dans son expansion même.

    Rétropédalage, moraline et faux débats  

                                                          Source : la meuteduDo

     

    Il y a un quart de siècle nous avons élaboré assez de documentation concernant la méthode de la revue de presse appliquée à l'étude scolaire pour que tous ceux qui voudraient aujourd’hui tenir à jour un repérage critique des thèmes et des sujets de la littérature scolaire puissent alimenter leurs analyses d'un échantillon significatif. Celui-ci est relativement aisé à réunir tant le corpus véhiculé par les supports spécialisés est aujourd’hui accessible.

    Et forcément "orienté". Il n'y a pas de "revue de presse" neutre.

    Ici, employons un paradigme adverbial, pour rendre compte à titre d'exemple d'un petit glanage du moment.

     

    Indéfiniment

    Dédramatiser l’erreur plutôt qu’éviter d’affronter la difficulté

    http://www.cahiers-pedagogiques.com/Dedramatiser-l-erreur-plutot-qu-eviter-d-affronter-la-difficulte

     

    Moralement

    Le retour des moralistes

    http://www.cahiers-pedagogiques.com/La-morale-ca-se-discute

    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2014/12/09122014Article635537044799070110.aspx

     

    "Faire la morale" plutôt que de "pratiquer la charité". Une vieille histoire, avec ici régression historique.

     

    Solidement

    Le trauma du Socle…

    Socle indéboulonnable :   http://www.francesoir.fr/politique-france/najat-vallaud-belkacem-un-enseignement-moral-et-laic-va-etre-instaure-des-la

    et le syndrome "Meirieu"

    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2014/12/05122014Article635533620612899875.aspx

    Mieux commenter les effets qu'analyser les raisons (par la Troupe des Perlin-Pinpin!)

     

    Mythologiquement

    La place publique… de la corporation retentit des plus belles considérations d'experts sur l'évaluation et la notation. Pourquoi le pouvoir a lancé ce débat - rétrograde : ne pas trop approfondir!

    http://www.laviedesidees.fr/Faut-il-en-finir-avec-les-notes.html

     

    Entre enfumages, et os à ronger. Et surtout, avec plusieurs décennies  de retard sur les solutions les plus simples. L'important est d'en disserter indéfiniment. Pourvu que ça dure.

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  • Peut-on aujourd'hui résister au consensus mou qui nous fait accepter les pires inepties. Par lassitude, manque de temps, plus que par bêtise, et,pire, connivence, espérons.

    Je rebondis ici sur des remarques d'un collègue de Paris qui pointe, à propos de M. Montagner, un vieux problème de la gouvernance et de l’idéologie scolaire, qui est celui du rôle des scientistes et des idéocrates accompagnant les processus en cours.

     

    Casser l'ambiance

          Léa Barbier

     

    "Mais vous prônez la révolution ma parole! En tous cas la critique du discours dominant. Pourquoi pas le débat scientifique et la convivialité, tant que vous y êtes! Ce n'est pourtant pas à l'ordre du jour… D'autant que vous vous attaquez à quelques tabous bien solidement ancrés." 

     

    Vous insistez en effet sur quelques points fondamentaux :

    - la forme du pouvoir plus que jamais installée sans contrepartie ;

    - une gestion de masse plus que jamais désastreuse et malsaine ;

    - la démagogie qui a pris des formes nouvelles : par exemple, celle de l'injonction paradoxale, du langage inversible… (ce qui n'est pas nouveau : que l'école prétend qu'elle vise ceci, mais en réalité fait cela) ;

    - l'absence d'analyse critique du discours postlibéral : hiérarques, idéocrates et rhéteurs peuvent allègrement continuer sans que personne ne leur fasse les gros yeux!

    - l'absence d'analyse critique du gâchis que représente le verbalisme : que de blablas et de livres mondains, mais inutiles.

    - Le "syndrome Meirieu" que vous pointez dure depuis longtemps. Nous avons vu autrefois tout cela "sortir de l'ascenseur", sans que personne en proteste, sinon des réactionnaires ou des "républicains" patentés. A un quart de siècle de distance, comment cette posture "bivalente" peut-elle encore tromper qui que ce soit – à moins d'immobilisme et d'ignorance - ayant un peu œuvré et étudié ?

    Une telle posture est à analyser au sein d'un paradigme où les idéocrates patentés alimentent de manière unilatérale le discours dominant : philosophes du bavardage, pédagogues supérieurs, psychologues moralistes, ou sociologues du constat sec.    

    Le résultat est là. Désolant.

    N.B. A force de rétropédaler, d'enfumer, et de refaire le monde, ça va ressembler à une grosse glissade. A ce point incontrôlée, la ramasse va se finir en gros bobo! Mais peut-être des marchands avisés vont profiter du "marché des seniors" pour proposer des remèdes à l'incontinence idéologique.


    Ceux qui ont conforté ce "système" sont-ils, eux aussi, des réactionnaires, ou seulement des naïfs ?

    - sous professorat : Pour l'iniquité et le cléricalisme, relisons L'Histoire d'un Sous-maître

    - tromperie : tout cela était prévisible. C'est la notion de "programme". Sur une échelle d'un demi-siècle, par exemple, on sait démonter les mécanismes et en effet, prévoir sur la base de ce qui est mois en place et/ou affirmé ce qu'il en sera.

    - d'autant qu'aujourd'hui, "on refait le monde" : et ce qui n'est qu'un plat copier-coller du passé a peu de chance de prendre uns sens nouveau. 

    - CNIRE : j'ai déjà eu l'occasion de dire tout le mal que je pensais de ce qui est une fumisterie, aussi bien dans la conception théorique (innovation : on sait ; réussite : on y croit vu d'en haut! – et institutionnelle (modalités de l'Usine à gaz Nationale par ex.) que dans la composition avec les "trop vieux chevaux - libéraux"; d'autant qu'on a vu les conseils précédents du genre.

    - le bas peuple : c'est la canaille ? Eh bien j'en suis. "je les trouve en général plus intéressants que les enseignants" : remarque redoutable, en effet!

     

    - Savons-nous bien ce qu'est un enfant ? D'autant que l'enfant rêvé ou l'enfant de l'idéologie et de la doxa n'est pas l'enfant réel. Et il n'y a pas que le point de vue de M. Montagner, loin de là. J'ai travaillé sur cette question dans le cadre de l'INRP, en relation avec JC Quentel : c'est sans doute le théoricien-praticien le plus important actuellement sur la question de la parentalité ; c'est pourquoi j'avais proposé qu'il en soit réfléchi et débattu en termes de recherche Freinet. Encore une fois, il n'y a pas scientifiquement que la doctrine!

     

    Le milieu de l'éducation nationale française est devenu, du moins pour ce que j'en ai vu et éprouvé ces deux dernières décennies, un milieu extrêmement dur, fissuré, rongé par ses vieux démons : idéologie, surhiérarchie, carriérismes, etc. Pour ce qui est de la gouvernance, attachée au dysfonctionnement de principe, rien n'a vraiment évolué (me dit-on, car je suis aujourd'hui retiré) dans le bon sens : les exemples sont abondants, depuis le haut de la pyramide jusqu'aux pratiques locales, d'un déficit déontologique et méthodologique majeur.

    ---

    La dérive du dernier quart de siècle peut en tous cas inquiéter, tant nous allons vers des configurations proches de ce qu'un Marcuse (entre autres) décrivait en son temps de la culture unidimensionnelle, d'une visée totalisante, et cela, sans contrepartie critique, sans alternative. 

     

    Tout cela suggère :  

     

    1)      la nécessité d'une étude critique permanente ;

    2)      l'importance d'une action diversifiée, s'intéressant à toutes les facettes, à toutes les strates ;

    3)      la vigilance devant la montée d'une néo-idéologie aux conséquences redoutables… et culturellement risquées

     

     

    Quoi qu'il en soit je vous remercie de nous rappeler quelques évidences : il y a en effet un "drame" de la pensée critique aujourd'hui, qui fait que pris dans les méandres de la néoscolastique, nous ne songeons même plus à attaquer le cœur de ce qui aujourd'hui interpelle la liberté de pensée.

     

     

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  • A propos d'un article sur la non-directivité

    Paru sur le site Q2C

    Méthode et sens

                                                 Pestalozzi

    A propos de la méthode non directive

    Il y aurait sur de telles questions quelques prétextes à recherche approfondie. Et répétons-le, à actualisation.

    En attendant quelque initiative aujourd’hui utopique en ce sens, voici quelques points auxquels m’a fait penser ce message.

    Non directivité : ce qui nous rajeunit.

    Nous étions quelques-uns (tant que cela ?) dans les années 70 à nous réclamer d’un courant "non directif" soucieux non pas d’organisation renforcée mais de libération de l’activité. Nous avons pu aussi appeler cela "pédagogie du silence" (mais l’expression est utilisée dans des sens divers…). Le maître s’efface au profit du travail réel de l’élève. Ce n’est pas lui qui travaille, ni lui qui parle. Nos "brillants causeurs" en seraient bien inspirés !

    Comme pour d’autres pratiques simplement efficaces, donc bien mal vues de notre employeur, qui s’est toujours ingénié à les casser, nous pensions surtout à nous affranchir du traditionalisme pédagogique. Nous étions encore loin des principes d’une "pédagogie muable" (Agnès 2005) que nécessiterait aujourd’hui le changement de paradigme.

    Pour autant, comme tout ce qui dans les "pédagogies nouvelles" relève de la méthode sans qu’elle soit nécessairement orientée à un horizon d’engagement politique, nous restions à ce niveau – même très actifs par ailleurs dans l’action critique et la volonté "sociale"- dans le domaine de l’efficacité. On peut y trouver en effet la possibilité d’une promotion plus égalitaire. Mais d’autres philosophes de l’éducation ont bien souligné bien avant nous que si l’on en reste à telle notion liée au rendement, "l’éducation nouvelle", elle-même d’ailleurs disparate, pouvait très bien servir des intérêts contraires – et les pires - à ceux de la visée émancipatrice.

    Il faut à ce propos souligner la tendance actuelle à convoquer l’héritage de l’éducation nouvelle dans la perspective d’un aggiornamento de l’école conforme à l’idéologie postlibérale. (Année de la recherche en sciences de l’éducation
    Sallaberry et al., 2013)

    Ce n’est pas nouveau, comme on l’a vu avec l’arraisonnement systématique de Freinet notamment, mais c’est un pas de plus dans l’avancée d’un monde syncrétique, sans alternative.

    P.S. Rogers : un important travail rogérien a été mené ces dernières années par Jean-Daniel Rohart ("réenchanter l’école". Voir : Renouveler l’éducation, 2013 - ), avec le mérite de placer la question méthodique sur une ligne de sens.

    Il me paraît, toujours aujourd’hui, difficile de dissocier philosophie de l’éducation et "action pédagogique".

    JA

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