• La situation 2016 du discours scolaire1

     

    Dans le domaine des lettres et des sciences humaines, la production discursive, textuelle, idéologique, a franchi les limites d'un cadre restreint de production et d'un accès de lecture limité. Le domaine s'est à la fois gonflé et éparpillé, la production s'est surchauffée, les accès de lecture se sont (en théorie du moins) à la fois simplifiés et multipliés.

    Éclats d'évanescence

    Comme il le dit lui-même, c'est pas demain la veille

     

    A considérer et analyser les principales sources de l'information du domaine, nous assistons à un formidable essor, qui se traduit en entropie et en expansion, qui donne lieu à une littérature considérable : pour autant, la clarté n'est pas au rendez-vous, qu'elle s'interprète selon quelque métaphore de la complexité ou en en théorie critique des "nouvelles donnes".

     

    Depuis que nous en avions souligné le paradoxe (il y a longtemps2), la situation ne semble pas s'être améliorée et le processus paraît s'être emballé : les dissertations incessantes, comme régies par quelque incontinence, se sont amoncelées. En même temps, l'ensemble des réunions forme un extraordinaire patchwork, tandis chaque réunion coud les propos plus hétéroclites.

     

    Le paysage ainsi formé paraît insignifiant, voire absurde, du moins pour quelque observateur qui ne bénéficierait pas des clés de lecture. Mais il n'est pas sûr que ces clés existent3.

     

    ***

     

    Cette masse accumulée, colossal édifice, restera-t-elle ingérable, ou s'écroulera-t-elle sur elle-même  du fait de sa propre évanescence ?

    ***

    A moins en effet que quelque auteur collectif ne parvienne à exploiter cette mine, à restaurer ce patrimoine, aux termes d'une anthropologie critique digne de ce nom.

     

    1 On entendra scolaire par "aussi universitaire".

    2 Le paradoxe du désert, Agnès 2000 https://leportique.revues.org/449

    3 Possible qu'elles soient rêvées !

     

    Partager via Gmail

  • Derrière la plainte

     

    Des vieux grincheux qui regrettent le temps passé, il faut lire parfois le sentiment confus d’une perte de ce qui a été fait, mais qui n’a pu être transmis.

     

    Derrière la plainte

                                                 Statler et Waldorf

     

    La difficulté de passer d’une génération à l’autre, de donner à reprendre un savoir-faire parfois séculaire, et, en raison des bouleversements techniques et culturels, le temps pris par l’adaptation aux nouvelles donnes, fait de cette question une majeure.

     

    Nous n’en aurions pas la maîtrise ? happés par la mode, pris dans les rets de l’immédiat, refusant en cela toute réflexivité profonde.

     

     

     

    ***

     

     

     

     

     

    Dans le domaine du patrimoine pédagogique, cette question prend un tour pathétique : en plusieurs dimensions.

     

    - Refaire le monde. Cette forme est aujourd’hui dominante. Faute de s’instruire à l’expérience, on réinvente à tire-larigot. Temps perdu, déni d’histoire. Faire passer pour du nouveau des formules depuis longtemps éprouvées, ou déjà critiquées. Certains domaines comme le rapport pédagogique aux médias développent la figure de manière radicale : en occultant purement et simplement le passé du genre, en inventant des hyperslogans. Ce qui est une manière de se défaire du monde tel qu'il fut.

    - Clore le monde. Contrairement au stéréotype opposant transmission et communication, (quand la transmission se jouerait en seule diachronie) celle-ci se joue aussi dans l’espace organique des relations. On communique alors en chapelles, dans un repli nécessaire à la croyance et à a dévotion. Dans la petite nébuleuse des « pédagogies alternatives », qui ne sont plus « nouvelles » depuis bien longtemps, la crispation sur des doctrines écrites et des modèles figés (à l’opposé de ce que modèle et exemple veulent dire) entrave toute émergence. La clôture permet certes de se rassembler en petit comité, écartant tout ce qui serait étranger.

    - Défaire le monde. C'est l'entreprise, à ce jour réussie, de déréalisation. Les idéologues de la "pédagogie" (pour ce qu'ils en font accroire) ont mené ces trois dernières décennies un formidable travail verbal et livresque pour délibérer du domaine en le déconnectant de ses attaches expérientielles et vitales. Ce n’est pas seulement un défaut de connaissance (c’est déjà répréhensible) mais encore une tentative d’instituer ce qui ne peut l’être. Ce faisant, les clercs ont bloqué le monde pédagogique à leur profit.

    Dans tous les cas, et en avant-première de ce que serait le post-âge de la pensée éducative réduite au scolarisme, il s'agit d'accréditer la version officielle Ainsi d'en faire accroire : il n'y a rien eu avant et ailleurs, il n'y a pas d'autre monde, aucune alternative.

     

    ***

     

    Travail d'effacement, en même temps que blocage du débat. En lieu et place d'un effort collectif, les (grands) maîtres et les (petits) maîtres à penser : la surhiérarchie va de pair avec le contrôle. Rien donc, tant que nous en resterons là, hors "exercice démocratique de la pensée", et au creux de cette "métonymie du pouvoir", selon une configuration discursive à la fois éparpillée et verticalisée.

     

    ***

    Derrière la plainte des vieux grincheux, l’intuition que cette fuite en avant entrave notre capacité d’histoire. Ces pratiques de blocage sont contradictoires avec la mutation en cours : à l’inverse, la formidable dispersion aujourd'hui à l’œuvre n’est pensée par aucune intelligence collective, n'est compensée par aucune régulation, aucune vue d’ensemble cohérente, qui nous réconcilierait avec l’exigence de transmission.

     

    Partager via Gmail

  • Attention, ce blog est en restructuration. Merci de votre indulgence.

     Site en remaniement

                                                             Jeu de Bagatelle

     

    Ce blog n'est pas ouvert aux commentaires. Pourtant, ouvrir de nouveaux espaces de débat est souhaitable. C'est notamment la vocation première du site Phileduc, disponible à la co-expérience, pour ceux qui croient à un avenir de la pensée critique en éducation.

    Pour toute contribution dans ce sens, je vous remercie de me contacter à l'adresse : jean.agnes@laposte.net. 

     

    Partager via Gmail

  • Reversement

     

    [rəvɛrsəmɑ]

    (reversare - retourner en sens contraire -, ou revertere - retourner )

    Reversement

     Michael Marten

     

    L'action de reporter et transférer. Dans son sens intransitif, concerne le changement alternatif de la marée.

     

    Ceci nous intéresse ainsi : à la disjonction du discours sans frais d'avec la détermination pratique, puissamment à l’œuvre dans le discours scolaire, nous opposons et la nécessité de faire profiter l'action de la théorétique, et la capacité d'échange et d'interaction des partenaires de l'action éducative.

     

    v. aussi coexpérience, triade

     

    Partager via Gmail

  • Textes libres : c'est à dire indifférents aux conventions, aux bonnes manières et aux connivences.

    Textes non publiés sous la bannière d'une "ligne éditoriale"

    Textes non marchands : non vendus.

    Textes non imprimés : type de texte qui ne gagnerait rien à une valorisation en "livre", quelle que soit l'adoration que nous en avons. Ce ne sont ni des œuvres artistiques, ni des incunables.

    C'est à dire textes non écrits pour commande, ou pour figurer dans une liste de publications en vue de promotion de carrière universitaire.

    En "libre accès" en effet, et sans fioritures ni distinctions casuistes.

    La plupart des textes ainsi présentés sont au format pdf.

    Soit les textes sont armés d'un code d'accès, fourni sur simple demande (lecture du texte) soit ils s'ouvrent  directement.

    Divers textes sont destinés au projet APRETs (Association pour la promotion des recherches et expression transdisciplinaires sur les situations).

     

    Ils sont alors publiés sous le label éditorial fictif Anglef.éditeur simulé.

    Textes libres

     

     

     

     

    Partager via Gmail